Sylvain Bouthillette
CHAMP D’ACTIONS
Galerie Trois Points
10 septembre au 29 octobre 2016
«CHAMP D’ACTIONS pourrait se résumer par cette phrase :  “Rien n’est fixe, rien n’est stable, réjouissez-vousâ€. Cette exposition tentera de démontrer que l’individu est une partie intégrante de l’inexpressible, de l’impensable et de la totalité».
Après quatre ans, la Galerie Trois Points consacrait une toute nouvelle exposition solo à l’artiste Sylvain Bouthillette du 10 septembre au 29 octobre 2016. CHAMP D’ACTIONS, se voulait l’aboutissement de son plus récent corpus, délaissant quelque peu ces approches précédentes aux rapports anthropomorphiques déjà amplement explorés.
Bouthillette par ses dernières œuvres pluridisciplinaires, tend à attester une multitude de formes de libération instables, telles; le ridicule, l’impermanence, la confusion, l’ambigüité et l’embarras. Dans ses panneaux monochromes de bois peints, l’utilisation de la superposition et la répétition du même mot, propres au vocabulaire formel de l’artiste se veut une reprise. Cependant, les mots autrefois jurons sont remplacés par des mots aux portées significatives, telles «sans peur», «vide, vide, vide» ou encore «complètement vide». Les jeux de distorsions dans les formules de répétitions sont accentués par des accumulations excessives où les mots se juxtaposent, se perdent et deviennent parfois illisibles. Les effets de perspectives rappellent celles de Jasper Johns; l’influence du Pop s’y ressent considérablement.
L’artiste poursuit par ailleurs sa recherche autour de formes morphologiques et déconstruites, ramenant celle du crâne. Des réseaux de lignes s’entrecroisent, des points se succèdent, tous vers un centre agissent sur notre être tel un processus radiesthésique[1]. Toujours, en arrière-fond, la présence du texte est omniprésente, blanc sur noir, rappelant ainsi son langage esthétique. Cette série de tableaux est d’une grande pertinence, elle résulte de diverses expérimentations et les recherches contentieuses de l’artiste s’y ressentent conceptuellement et formellement.
Par des mécanismes détournés de leurs sens et de leurs finalités, Bouthillette présente des œuvres en action qui engendrent une forme de décadence. Momentanées et mouvantes, ses pièces tridimensionnelles ajoutées à sa série de tableaux apportent un aspect dérisoire et à la fois lyrique. Deux œuvres, l’une au mur, l’autre sur un support à même le sol. Elles présentent le même rendu — un système motorisé frappe un visage d’un coup de gant qui va et vient. Le visage moulé et dupliqué est celui de l’artiste. L’émotion sereine et calme de celui-ci, créer un antagonisme intéressant envers les fessées infiniment infligées. L’autodérision de l’artiste est éminente. Une autre pièce en action propose une anatomie masculine déformée, se balançant telle une pendule. Œuvres ludiques, elles engendrent tout type de réactions chez le spectateur.
Cela dit, bien que l’exposition soit terminée, la Galerie Trois Points offre la possibilité de voir ou revoir celle-ci à même ses archives. La mise en espace pétulante proposait d’intéressants parallèles entre chacun des travaux, ainsi que des dialogues par les diverses catégorisations et la classification de son corpus aux signatures distinctes. Bref, une autre exposition réussie pour l’iconique galerie du Belgo.
Sylvain Bouthillette détient une maîtrise en arts visuels de l’Université Concordia. Il a largement exposé au Québec, au Canada et à l’étranger, notamment à Reims (France), à Bâle (Suisse), au Musée national des beaux-arts du Québec et au Musée d’art contemporain de Montréal. Le Musée régional de Rimouski et le Centre Expression de Saint-Hyacinthe ont conjointement organisé une importante exposition de son travail qui a ensuite voyagé au Canada entre 2006 et 2008. Son travail est largement représenté dans les différentes collections muséales et corporatives, notamment celles du Musée d’art contemporain de Montréal, du Musée national des beaux-arts du Québec, de la Caisse de dépôt et placement du Québec, du Cirque du Soleil, de la Banque Nationale du Canada, de Loto-Québec, la Ville de Montréal et d’Hydro-Québec[2].
[1] Emprunté du communiqué de l’exposition, le terme radiesthésie est un procédé divinatoire de détection reposant sur la croyance selon laquelle les êtres vivants seraient sensibles à certaines radiations qu’émettraient différents corps, permettant ainsi de localiser des sources, retrouver un objet perdu, un trésor ou une personne disparue.
[2] Biographie tirée du site web de la Galerie Trois Points, Sylvain Bouthillette