Karilee Fuglem à Pierre-François Ouellette art contemporain

Karilee Fuglem, Everything held together (pour l'instant), Pierre-François Ouellette art contemporain

Vous allez sans doute trouver que je manque un peu d’originalité (et ça serait amplement justifié), mais après avoir commenté l’exposition de Charles-Antoine Blais Métivier à l’Espace projet Pierre-François Ouellette art contemporain, j’avais bien envie de vous commenter celle de Karilee Fuglem au classique Pierre-François Ouellette art contemporain. J’ai sélectionné cette proposition pour deux raisons principales : elle m’a beaucoup plu (raison facile) et elle rejoint des préoccupations abordées très fréquemment ces dernières années. En effet, dans Everything held together (pour l’instant), Fuglem transporte son atelier dans l’espace de la galerie et expose ses projets en cours, ses inspirations, ses essais et erreurs. L’idée n’est pas nouvelle et fait même un retour dans le milieu de l’art, et avec Massimo Guerrera installé depuis deux semaines à la Galerie Joyce Yahouda, les questionnements sur la relation entre lieu d’exposition et de création se font particulièrement sentir au Belgo.

Outre le fait que ce soit d’actualité (dans une perspective large du terme, on s’entend), l’exposition emprunte plusieurs avenues très riches et laisse le spectateur s’inventer un résultat final à géométrie variable. L’artiste ne fait que dresser la table (pour reprendre une expression surutilisée, mais appropriée) en nous faisant prendre conscience de relations inédites entre matières, formes et jeux de lumière. Beaucoup des expérimentations tournent autour de la transparence, Fuglem ayant travaillé entre autres l’acétate et le ruban adhésif, et j’ai été particulièrement étonnée par la juxtaposition d’éléments suspendus et d’une photographie d’un sentier en pleine forêt, installant une sorte d’ambiance proche de l’expérience sensorielle de la nature. À plus grande échelle, je sens que cette proposition pourrait être extrêmement immersive et apaisante. Bref, une simple ébauche suffit à nous faire imaginer une suite. Fuglem a aussi créé plusieurs systèmes de boucles, autant avec le ruban qu’avec la corde, s’organisant en amas valsant entre architecture et paysage, entre forme et informe et entre organique et géométrique.

Les propositions de Fuglem sont très instinctives et, d’après le texte de présentation, découlent de longues séances d’observation en studio. Une vidéo de José Garcia Lozano accompagne le travail plastique de l’artiste, saisissant cette dernière en plein travail. C’est d’ailleurs le seul élément sortant du cadre de l’atelier (malgré qu’il en traite), adoptant une position extérieure au lieu de création. Bien que ce soit extrêmement intéressant, ça a peut-être tendance à casser le sentiment d’être dans un projet évolutif en cours de réalisation, et la pièce où est présentée la vidéo, plus sombre et plus muséale, si je puis dire, renforce cette cassure. J’aurais aimé que l’idée d’atelier soit poussée à son paroxysme, mais cette galerie n’est sans doute pas la mieux configurée pour recréer cette ambiance particulière, alors compte tenu de ces contraintes, c’est tout de même un très bel effort de mise en espace.

Les tâtonnements de Karilee Fuglem ont de quoi fasciner, et si vous appréciez, Fuglem se retrouve aussi, avec Renée Lavaillante et Max Streicher, dans Apprivoiser l’espace à Circa jusqu’au 4 mai. Une bonne façon de constater l’aboutissement des recherches formelles de l’artiste.

Pierre-François Ouellette art contemporain, espace 216
Karilee Fuglem
Everything held together (pour l’instant)
27 mars au 11 mai 2013
www.pfoac.com


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