Je reviens tout juste d’aller voir les résultats du projet Point de fuite de l’artiste Charles-Antoine Blais Métivier au nouvel Espace projet Pierre-François Ouellette art contemporain, ou du moins, les traces de sa recherche élaborée. Même si l’exposition se termine dans une semaine et qu’il ne vous reste pas énormément de temps pour en profiter, j’ai eu un immense coup de cÅ“ur pour cette initiative et je me devais de vous en glisser mot, alors voilà , c’est fait. L’idée de départ de Blais Métivier était simple, mais ambitieuse : répertorier des affiches de chats et de chiens perdus et en faire l’étude exhaustive en en extrayant les similitudes et en utilisant des méthodes rigoureuses et quasi maniaques.
Ce qui est présenté dans l’espace du Belgo n’est qu’une partie du tout, puisque l’artiste a aussi orchestré une performance dans le cadre de Complot 9 : Gravité/Graviter au printemps 2012, au cours de laquelle il contactait les auteurs de ces affiches et les convoquait dans son « bureau d’enquête ambulant », installé temporairement à l’endroit où, selon ses recherches poussées, toutes les disparitions d’animaux de compagnie convergeraient, c’est-à -dire dans un terrain vague au coin des rues Fullum et Laurier Est à Montréal. D’où le titre, Point de fuite, et les allusions aux trous noirs de l’exposition. L’expérience est intéressante et singulière, et le sérieux avec lequel celle-ci est menée brouille les frontières entre vérité et duperie pour les participants s’étant déplacés.
Les traces de ces démarches sont donc visibles à l’Espace projet Pierre-François Ouellette art contemporain et présentées sous forme d’accumulation de chaque côté de la galerie, les 120 chats à gauche, les 120 chiens à droite. En observant attentivement l’ensemble, il est étonnant (ou pas) de constater le manque de variation dans les appels à l’aide des maîtres esseulés, la plupart adoptant tous le même ton, la même approche et les mêmes tactiques (« Cookie est malade et a besoin de médicaments. ») pour retrouver Pite, Charlot, Blacky, Maggie, Cadeau et autres toutous et minous. D’ailleurs, en superposant ces affiches, Blais Métivier a créé deux Å“uvres abstraites se rapprochant encore là de l’image du trou noir. Évidemment, tout cela est inévitablement rempli d’humour (et de fautes d’orthographe), et lors de ma visite, je suis tombée sur de nombreuses perles. « Merci beaucoup et bonnes vibres », « La belle Bixi avait un poteau accroché à son collier quand elle s’est sauvée donc de toute évidence elle était perdue », « Où est Claude Ouellette? » ou encore « Ma petite fille pleur beaucoup pour sont chien ». Bref, la réunion de tous ces appels à l’aide amenuise le sentiment de vulnérabilité et la détresse qui s’en dégage, mais leur mise en relation est intéressante.
Que vous ayez le temps de vous rendre à la galerie ou pas, je vous invite à visiter le site web de l’artiste juste ici, puisque beaucoup de ses projets y sont largement documentés, mais il vous reste tout de même une semaine pour voir le tout au Belgo, et ça en vaut la peine. Il ne me reste qu’à vous dire « Merci beaucoup et bonnes vibres »!
Espace projet Pierre-François Ouellette art contemporain, espace 221
Charles-Antoine Blais Métivier
Point de fuite
16 mars au 20 avril 2013
www.pfoac.com