Le mur d’Andréanne Godin à la Galerie B-312

Andreanne Godin at Galerie B-312

Je n’ai jamais mis les pieds en Abitibi de ma sainte vie, même pas quand j’étais bébé, mais les gens que je côtoie qui en sont originaires semblent manifester un attachement particulier à ce coin de pays. D’ailleurs, sans lien aucun avec le contenu de cet article, je viens tout juste de visionner le documentaire Voir Ali au sujet la visite improbable du légendaire Cassius Clay à Rouyn-Noranda en 1983, qui témoigne de cette espèce de persévérance à toute épreuve et de cette capacité à réaliser de grandes choses avec peu. Bref, l’exposition d’Andréanne Godin présentée à la Galerie B-312 en ce moment me replonge dans cet esprit de fierté et témoigne d’une affection touchante et personnelle pour cette région.

Le tout débute sur une lettre adressée à M. Sean Roosen, président de la compagnie Osisko, dont la mine d’or à ciel ouvert et autres chantiers massifs font autant de travailleurs et d’hommes d’affaires heureux que de citoyens mécontents. Proposition d’acquisition de paysage (2011), l’Å“uvre en question, consiste donc en une offre d’achat d’une parcelle inexploitable de roche stérile de 6 X 2 ½ X 1 ½ pouces, tentative de conserver un peu de la beauté du secteur, de même qu’en une boite de luxe aux dimensions correspondantes, prête à accueillir ce précieux souvenir. Manifeste, expérimentation conceptuelle, mais surtout très beau morceau poétique. Ce qui est aussi très, poétique, c’est Avant le bruit (2013), projet présenté dans la pièce adjacente, s’attardant encore une fois au panorama de l’Abitibi, mais sous forme de récit de déambulation. Godin y raconte sa quête pour trouver la meilleure talle de bleuets sauvages à travers la « vallée de l’or », la forêt boréale, les pentes, les plateaux, notant au passage les variations sonores de ces endroits. Des petits bleuets de graphite servent de compléments tangibles à la bande audio, minutieuses petites sculptures de taille réelle qu’on aurait presque envie de manger s’ils n’étaient pas aussi gris et durs.

La pièce maîtresse, Montagne stérile (2013), est une installation en tricot reproduisant la caractéristique montagne de roche abitibienne, et le résultat est assez impressionnant. J’ai bien aimé que les gens de B-312 l’aient placée devant les grandes fenêtres, laissant la lumière naturelle l’éclairer et raviver ses couleurs ternes, comme si on était sur le terrain, justement. Toujours dans une représentation du paysage rocheux, le dessin à l’encre ayant donné son nom à l’exposition, Le mur (2011), reprend ces teintes grisâtres, mais le trait de Godin est très sensible, et pour avoir vu quelques-unes de ses Å“uvres sur papier dans un autre contexte, celle-ci s’inscrit dans la lignée.

Avec seulement quatre pièces (j’en aurais définitivement pris un peu plus), Godin démontre une très bonne versatilité, employant toute une variété de médiums afin de traiter d’un seul et même sujet, et parvient à sensibiliser le spectateur lambda aux enjeux environnementaux de sa contrée natale. À voir.

Galerie B-312, espace 403
Andréanne Godin
Le mur
21 février au 23 mars 2013
www.galerieb312.ca


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