J’ai déjà écrit quelques lignes sur Montréal/Brooklyn dans mon dernier article, mais je continue sur cette lancée avec l’exposition présentée à la Galerie SAS en ce moment, soit le seizième de l’événement complet (pour vous donner une idée de l’ampleur de ce qu’il y a et aura à voir). C’est donc Patrick Bérubé, sur qui j’ai aussi écrit brièvement il y a quelques mois pour Objets de tous les désirs, qui investit l’espace de la galerie avec son projet Irruption/Breaking.
Je pense que d’entrée de jeu, il est assez facile d’affirmer que Bérubé a un goût certain pour le détournement et pour l’humour. Sans tomber dans le cliché, je dirais qu’à peu près toutes les Å“uvres m’ont fait sourire par leur façon de poser un regard lucide et ludique sur notre société trop souvent absurde et aux préoccupations futiles, et qu’elles m’ont réconfortée par leur présence. Je m’explique, question de ne pas passer pour une fanatique de nouvel âge, mais c’est que les Å“uvres de Bérubé ont presque l’air de s’amuser entre elles et de se faire un party, et entrer au milieu de tout ça nous fait sentir incroyablement (et bizarrement) entouré, rassuré. Il y a de l’action, du mouvement, de la vie, que nous y soyons ou pas, et ça se sent en entrant dans la galerie.Â
En amorçant ma visite, je me suis tout de suite dirigée vers le fond de la pièce principale où un lavabo régurgitait de l’eau noire sans arrêt, et le ton était donné. Juste à côté, un poids d’entraînement en bronze semblant avoir été croqué trône sous une cloche à gâteau, et tout près, la pièce Effervescence (2012) présente un encadrement éclaté par la vélocité d’un bouchon de champagne, et plus loin, la bouteille à l’origine de cette frasque, tenue par un étrange petit personnage de bronze de taille équivalente. D’autres figurines se retrouveront d’ailleurs plusieurs fois dans l’exposition dans différentes situations loufoques, toujours en interaction avec les Å“uvres, venant en quelque sorte les contaminer, les modifier, et « cette mystérieuse et énigmatique invasion nous rappelle et nous renvoie peut-être à l’inquiétante tendance de l’homme à tout modifier et altérer sur son passage. »1Â
Dans une petite pièce en retrait, un lit d’enfant avec peluches de plastique transparent bourrées de mégots de cigarettes joue sur la dangerosité et l’inconvenance, et le mobile brinquebalant composé de tanks et d’autres machines du même type renforce cette impression. Une fumée se disperse aussi dans l’espace restreint, provenant de l’arrière d’un dessin encadré installé sur le mur parallèle. Les personnages de bronze sont aussi de retour avec Bavure (2012), alors que l’un d’eux fait un graffiti sur un dessin de Bérubé, et avec Éblouissement (2012), où un autre tient une voiture jouet, phares allumés, tout près d’un sapin LEGO (ce qui m’a du coup rappelé l’existence des sapins LEGO).Â
Bref, ce sont toutes sortes de petites scènes du genre qui sont dispersées aux quatre coins de l’espace d’exposition (un chat est même suspendu étrangement à une moulure en hauteur placée à l’entrée), et chacune d’elles fonctionne comme une pointe envoyée sans méchanceté à notre stupidité et à notre façon de courir à notre perte. Il vous reste encore peu de temps pour en profiter, mais allez-y et profitez-en du même coup pour explorer les deux autres propositions de Montréal/Brooklyn situées au Belgo, soit celles d’Optica et des Territoires.
1Tiré du communiqué de presse de l’exposition
Galerie SAS, espace 416
Patrick Bérubé
Irruption/Breaking
13 octobre au 17 novembre 2012
http://www.galeriesas.com
http://www.montrealbrooklyn.com
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