Je n’ai jamais vraiment suivi les fluctuations du marché de l’art, n’ai aucune idée des sommes exorbitantes que peuvent dépenser les acheteurs pour certaines Å“uvres d’artistes très prisés et ne regarde pratiquement jamais le prix des pièces à vendre dans les expositions que je visite, mais reste que la question de l’argent en art est cruciale et parfois fascinante. Pour l’exposition estivale Who’s Paying You?, Donald Browne a tenté de regrouper des Å“uvres traitant de près ou de loin à cette problématique particulière et répondant à leur façon à la question suivante : Pourquoi les artistes font-ils de l’art? Pour l’art ou pour l’argent? Parfois, les choix de Browne sont évidents et nécessaires, comme Damien Hirst, par exemple, qui se devait d’être d’une telle exposition, sa plus récente production ayant été vendue pour près de 200 millions de dollars dans un encan de deux jours à Sotheby’s. La pièce présentée, Home Sweet Home (1996), reproduction d’un cendrier rempli de mégots sur une assiette de porcelaine, ramène à une époque où la thématique de la mort était particulièrement présente chez Hirst et questionne notre rapport à nos choix de vie.
Évidemment, Hirst est un choix judicieux, mais bon nombre d’artistes québécois également de l’exposition tirent leur épingle du jeu et poussent la réflexion sur les sujets de l’exubérance, du sensationnalisme et de la recherche de reconnaissance et de richesse dans le monde de l’art. C’est le cas de Patrick Bernatchez et de sa Rose (2008), magnifique photographie grand format d’une fleur entièrement faite de viande, et de Gabriel Coutu-Dumont présentant un portrait tiré de sa série Way of the Willows (2012). Éric Simon présente quant à lui une variante des structures tridimensionnelles de Sol Lewitt, les transformant en pièces faites de ruban adhésif.
Dans une même idée de réinterprétation de travaux célèbres, Garry-Lewis James Osterberg met en scène des chiens dans ses Screen Tests (after Warhol) (2012), évidemment inspirés de ceux de Warhol dans lesquels posaient originellement Allen Ginsberg, Nico, Lou Reed, Bob Dylan, Edie Sedgwick et autres icônes des années 60. Mark Igloliorte récidive avec une série de dessins sur pages de bottin téléphonique du même type que ceux présentés à la Triennale 2011 du Musée d’art contemporain de Montréal tandis que Jérôme Havre, que l’on a pu voir dans une superbe exposition solo cette année à la même galerie, y va d’une sculpture intitulée Tag (2010).
Je passe outre certains artistes, malheureusement, mais tout cela pour dire que Who’s Paying You? à la Galerie Donald Browne considère un des vecteurs les plus tabous du monde de l’art dans un regroupement d’Å“uvres finement choisies. Bref, je vous y invite fortement. Il reste encore une semaine pour vous en délecter et c’est une excellente façon de vous remettre dans le bain des expositions avant la frénésie automnale.
Galerie Donald Browne, espace 528
Patrick Bernatchez, Gabriel Coutu-Dumont, Jérôme Havre, Damien Hirst, Mark Igloliorte, Garry-Lewis James Osterberg, Valérie Kolakis, Suzy Lake, Myriam Laplante, Christine Major et Éric Simon
Who’s Paying You?
9 juin au 25 août 2012
www.galeriedonaldbrowne.com